• Conseillé par (Libraire)
    10 novembre 2019

    "À peu près tout ce que nous comprenons du réchauffement climatique à l’heure actuelle était déjà compris en 1979. Et peut-être même mieux compris". Déjà, on connaissait l’effet de serre dont on trouvait l’explication dans tous les manuels de biologie. En 1979, un directeur d’ONG, Rafe Pomerance, découvrait dans un rapport consacré au charbon, , que "si l’on continuait de recourir aux combustibles fossiles, cela risquait, d’ici deux ou trois décennies, de provoquer des changements “significatifs et néfastes” de l’atmosphère terrestre". Donc, on savait. Mais si on savait, pourquoi n’en parlait-on pas ? Pourquoi continuait-on à utiliser de l’énergie fossile ?
    Ce qu’explique Nathaniel Rich dans ce livre, c’est d’abord comment des scientifique en était arrivés à cette conclusion du rapport, que la température du globe allait augmenter de plusieurs degrés, que le niveau des océans allait monter, etc. Il explique ensuite comment et pourquoi, alors qu’en 1979, les grandes puissance étaient prêtes à imposer une réduction des émissions de carbone, l’industrie des combustibles fossiles n’a cessé de faire du lobbying pour contrecarrer les projets de lois liés au changement climatique, a pratiqué la corruption de certains scientifiques, a mené des campagnes de communication pour nier la réalité et fausser le débat politique.
    L’enquête de Nathaniel Rich nous emmène dans les réunions, les congrès. Il nous montre l’inaction des hommes politiques américains, leur inculture scientifique. Il nous fait voir comment des présidents américains ont privilégié les intérêts économiques sur ceux de tous les humains. Pour lui, l’occasion plus manquée que toute autre est la conférence de Noordwijk qui s’est tenue en 1989 aux Pays-Bas. Les ministres de l’Environnement de plus d’une soixantaine de pays devait s’entendre sur un accord qui gèlerait les les émissions de carbone pour les dix ans à venir. C’était sans compter sur le conseiller scientifique de Bush qui torpilla la négociation, car il ne fallait pas mettre en cause la suprématie économique des Etats-Unis et de ses entreprises. Le puissant lobby des industries fossiles américaines avait gagné. L’échec de cette négociation continue de peser sur toute la lutte contre le réchauffement climatique.
    L’essai de Nathaniel Rich est un récit fortement documenté, qu’il agence avec art pour le rendre aisé et intéressant à lire par des galeries de portraits, des détails, des références historiques. Mais c’est un récit de journaliste des faits divers qui ne délivre pas le contenu des réunions, ni d’explications scientifiques pour soutenir son propos. Il limite son champ d’analyses aux États-Unis, on n’y trouve pas cités les scientifiques, écologistes et climatologues français ou d’autres pays.
    Centré sur les États-Unis, l’ouvrage ne dispense pas d’autres lectures scientifiques, géopolitiques et de mises à jour