• Conseillé par (Libraire)
    16 février 2022

    Bruno Latour et son coauteur Nikolaj Schultz s’interrogent les conditions et la nécessité d’une nouvelle classe sociale qui serait "une classe écologique".
    Comme le monde dans lequel nous vivons n’est plus celui des Modernes qui le concevaient comme un monde illimité et de progrès infini qui nous apporterait le bonheur, il nous faut le réapprendre, redécouvrir la Terre. Les classes sociales se sont constituées et affrontées à propos de la production et de la propriété des moyens de productions. Les capitalistes libéraux continuent d’affirmer qu’il faut accroître la production alors que, pour Latour et Schultz, "le système de production est devenu un système de destruction".

    Pour continuer à vivre sur une planète épuisée, ravagée, en surchauffe, il faut quitter l’économie de production pour "une économie capable de se retourner vers le maintien des conditions d’habitabilités du monde terrestre".
    Ceci suppose une classe écologique qui se définisse "selon la tradition marxiste, par rapport aux conditions matérielles de son existence", "Mais voilà, ce n’est plus la même matérialité". Il ne s’agit plus de produire à tout va, mais de prendre soin de ce qui est engendré, car "Produire, c’est assembler et combiner, ce n’est pas engendrer, c’est-à-dire faire naître par des soins la continuité des êtres dont dépend l’habitabilité du monde".
    Se pose alors la question de la mobilisation "quand le mot d’ordre apparaît comme : “En arrière toute !". Il faut cesser de parler de "décroissance" pour parler de "prospérité" qui "a toujours dépendu des pratiques d’engendrement". La classe écologique dira qu’est progressiste "tout ce qui permet de superposer le monde où l’on vit et le monde dont on vit dans le même ensemble juridique, affectif, moral, institutionnel", elle devra accueillir des mondes sociaux actuellement opposés : gens de droite et de gauche, végans et chasseurs, intellectuels et manuels, opérant une redistribution des "classements".
    Selon Latour et Schultz, la classe écologique sera “radicale", elle reprendra "en l’amplifiant, l’histoire de la gauche émancipatrice" en menant à terme le "processus de civilisation", un combat contre "l’économisation" et la dissociation de la production et de la vie sociale.
    La cosmologie a changé, nous devons mener un travail idéologique pour comprendre comment y vivre concrètement, "préparer les esprits" pour "accepter les sacrifices immenses par lesquels il va falloir passer" pour vivre dans cet autre monde. Le temps manque, "la vie politique est à son plus sinistre", il y a urgence pour la classe écologique de "décrire le monde matériel" dans lequel se trouvent les habitants de la planète chassés de leur ancienne cosmologie.
    Ce bref "Mémo" invite à la mobilisation pour un nouveau matérialisme qui sera écologique. Une réponse dynamisante à ceux qui sont persuadés de l’effondrement du monde !