Les Femmes du bout du monde

Mélissa Da Costa

Albin Michel

  • Conseillé par (Libraire)
    10 avril 2023

    Dans un camping des Catlins, à l'extrême sud de la Nouvelle-Zélande, vivent deux femmes, Autumn la mère, et sa fille, Millis. Dans cet endroit isolé arrive Flore, une parisienne qui va y travailler pour payer son séjour.

    Au début, Flore semble être une toute jeune fille qui ne sait rien de la vie, en tout cas rien de la vie dans cette nature sauvage en territoire maori. Elle s'installe dans un chalet et se met au travail, acceptant toutes les tâches et les menant à terme avec détermination. Elle semble oublier quelque traumatisme dans cette abnégation. Peu à peu elle tisse une amitié avec Millis, ce qui inquiète un peu Autumn. Millis a toujours vécu dans ce camping, sauf le temps de ses études. Bien qu'elle ne soit pas maorie, elle connaît les mythes et légendes et pour les Maories, elle est la fille de la mer, celle qui nage tous les matins et va au contact des dauphins et des otaries. Peu à peu, Flore va se rapprocher de Millis jusqu’à l'aimer, découvrir la beauté de la nature de cette contrée isolée et sauvage de la baie de Curio et à son contact, affronter son passé et se reconstruire.
    Dans ce roman, on retrouve beaucoup de cette thématique présente dans ses précédents romans, où des personnes ayant un passé douloureux se reconstruisent en quittant la civilisation et en s'immergeant dans la nature. Mais ici, ces femmes ne sont pas que des "belles personnes", elles ont des défauts, se conduisent mal. Comme Flore, qui aurait pu se complaire dans sa vie parisienne avec Paul, dans l'attente de la maternité, sous l'emprise de sa belle-mère, et qui choisit des adultères glauques pour casser son "beau" mariage. Son évolution dans ce camping la rend belle et émouvante.
    Ces femmes vivent dans l'extrême sud de la Nouvelle-Zélande. Autumn et Millis sont des solitaires qui ne fréquent qu'un vieux voisin, elles parlent peu, mènent une vie simple, travaillent beaucoup dans leur camping. On s'attendrait plutôt à voir des hommes gérer cet endroit isolé, malmené par les tempêtes. Dans cette dure réalité, Flore apporte une autre façon de vivre, d'être en relation, une histoire douloureuse qui ouvre Autumn et Millis à une autre réalité. D'une certaine façon, elle les humanise, les décentre d'elles-mêmes, elle aide Autumn à laisser partir Millis et Millis à décider de son avenir.
    Mélissa Da Costa continue de nous livrer des romans "feel-good", mais cette fois, avec une histoire de femmes qui sont loin d'être parfaites et vivent, solidaires et libres, loin de tout "Si tu te demandes ce que nous faisons ainsi loin des hommes, je vais te le dire, nous veillons sur notre petit univers. Nous veillons les unes sur les autres". Son écriture est fluide, ses descriptions de la région des Catlins sont belles et poétiques et les légendes maories sont dépaysantes à souhait.
    Une agréable lecture.