Conseils de lecture
Dévorah Banks a passé tout son lycée avec Bryan. Mais il vient de la quitter et elle ne s'en remet pas.
Le jour où elle fait le vœu de pouvoir changer le passé et ainsi éviter de souffrir en ne faisant pas certaines erreurs, son portable tombe dans la fontaine au milieu des pièces....
Bien entendu le portable ne fonctionne plus correctement: il n'appelle plus qu'un seul numéro, celui qui était le sien... 3 ans auparavant! Elle va pouvoir tenter de changer son passé. Le roman nous promène tour à tour dans les pensées de l'une ou l’autre des deux Dévorah, l'actuelle et l'ancienne, la plus jeune.
"Parle-moi" traite des conséquences de ses choix: qu'aurait elle pu faire différemment, quel impact sur sa vie, celles de ses proches ? Et si l'on se mettait à sa place: que demanderions nous à notre alter-égo plus jeune? Serait-il déçu par ce que nous sommes?
Que savons nous de la vie des émigrés Japonais aux Etats-Unis pendant les guerres mondiales ?
Il faut que les jeunes japonaises aient cru très fort au rêve américain.
Assez pour se marier avec un homme qui vit à l'autre bout du monde, un homme qu'elles ne connaissent que par quelques lettres et une photo, un homme déjà installé et fortuné...
Julie Ostuka nous fait partager une histoire inédite : de leur traversée en bateau vers leur nouveau mari pendant l'entre deux guerres à leur déportation lors de l'entrée en guerre du Japon contre l'Amérique, en passant par leur relation maritale, leur rapport avec les américains, leurs enfants et leur travail.
L'écriture à plusieurs voix permet de transmettre la pensée de cette population de manière poétique.
Une grande fresque historique
A travers une grande fresque romanesque, nous allons assister aux "fidélités successives" de Guillaume Berckeley, jeune anglo-normand
débarquant à Paris quelques mois avant l'occupation allemande. Simon Block, producteur juif et protecteur de Guillaume lui ouvre les portes des
milieux artistiques parisiens. C'est pour lui l'occasion de rencontrer des personnalités telles que Drieu la Rochelle, Picasso, Aragon, Cocteau.
Paris occupé, Simon Block décide de s'exiler à New York. Guillaume choisit lui de s'accommoder de la situation, s'affichant auprès de hauts dignitaires allemands.
Pour garder un toit et manger à sa faim, il devient sans états d'âme chroniqueur culturel au journal antisémite " Je suis partout ".
Il faudra l'arrivée de Pauline, son amour de jeunesse, pour le convaincre d'entrer dans la résistance. Début pour lui d'un double jeu dangereux - entre sauver les apparences
et mener des actions de résistances - qui le mènera à sa perte.
Véritable page - turner, ce roman retrace sans manichéisme une des périodes les plus sombres de notre histoire .
personne ne connaît Hollande...
Quand Laurent Binet commence à suivre la campagne de François Hollande, il n'est pas trop convaincu qu'il deviendra président. D'autant qu'il a un faible pour Mélenchon. Peu à peu, cependant, il s'attache à l'homme et montre son évolution. Il raconte la campagne avec finesse, ne se privant pas de commentaires féroces sur ceux qui entourent le candidat, se demandant si le discours sera bon, si la telle rencontre se passera au mieux. Même si on connaît la fin, il y a du suspense.
Expérience intéressante : Ecouter le discours du Bourget (les vidéos sont sur Internet) tout en lisant la relation qu'en fait l'auteur.
Au terme de cette lecture instructive et intéressante, on saura ce qu'on savait déjà : que pour devenir Président de la République, il faut vouloir le pouvoir, avoir une solide santé et un moral d'acier. Mais connaîtra-t-on mieux François Hollande ? Pas vraiment ! Car, comme le dit sa compagne : "personne ne peut dire qu'il connaît François Hollande, pas même moi".
C'est sans doute mieux ainsi...
La tragique liberté du motard
Tôt matin, sur une Triumph noire qu'il a nommé L'Elégante, Anton roule à tombeau ouvert sur les routes des Vosges. Souvent il va jusqu'à la maison de la fille dont il est toujours amoureux -mais un peu moins que de sa moto- réveillant les villages qu'il traverse. Ce qui ne plaît pas...
Dans ce roman de mythologie, Sylvain Coher décrit bien la fusion de l'homme et de sa belle moto, la griserie de la vitesse. Son amoureuse, qui tient la place de Marilou dans la chanson d'Edith Piaf, aura un destin cruel.
Ce texte m'a envoûté par sa description sensuelle des sensations que ressent le motard, de son amour pour sa machine. Belle écriture soignée.