Conseils de lecture

Éditions Gallmeister

11,00
Conseillé par (Libraire)
5 mars 2023

Un excellent thriller !

Alors que la petite Wen, 7 ans, s’amuse sérieusement à attraper des sauterelles, un homme, Léonard, arrive et lui demande à voir ses pères qui se prélassent à l’arrière du chalet qu’ils ont loué près d’un lac pour passer quelques jours au calme. Bien élevée, Wen sait qu’elle ne doit pas parler à des inconnus, elle l’écoute cependant, discute avec lui et cède à sa demande. Mais il n’est pas seul, deux femmes et un homme armés l’accompagnent. À peine entrés, le roman bascule dans l’horreur, la folie, la violence quand Léonard expose sa demande : selon les messages qu’ils ont entendus et qui les ont guidés jusqu’à eux, Éric, Andrew et Wen doivent volontairement choisir de sacrifier l’un d’eux pour sauver l’humanité.

Ce thriller rassemble beaucoup de références à l’actualité, croyance dans les fake news, fanatisme religieux, dérive sectaire, complotisme, homophobie, liberté de porter des armes. Toutes ces conceptions erronées de la vie sociale autorisent le quatuor à se croire supérieur, investi d’une mission et à devenir des prédateurs. C’est un huis-clos apocalyptique à l’atmosphère malsaine et étouffante.
La structure du roman avec de longs paragraphes qui nous introduisent dans la pensée des personnages, dans leur histoire, qui nous obligent à patienter avant qu’arrive un nouveau drame, crée un suspense insoutenable qui incite à lire vite, et même à sauter des phrases. Le doute sur la réalité des événements rapportés par la télévision et interprétés par les personnages persiste jusqu’au bout et ajoute au trouble, à l’angoisse et à l’oppression du lecteur.
Ce thriller est une réussite magistrale.
Comme très souvent, j’ai ouvert ce livre sans lire la présentation, captivé par la couverture, ou le titre, ou le nom à consonance québécoise de l’auteur. J’ai découvert que le roman est un thriller et que ce n’est pas vraiment ce que je préfère... Trop de longueurs qui m’apparaissent comme du remplissage entre les moments de pure violence.


La littérature face au scandale du mal

Flammarion

21,00
Conseillé par (Libraire)
2 mars 2023

Depuis " Le laboratoire des cas de conscience " (Alma, 2012, republié chez Flammarion, collection Champs au début 2023) la philosophe Frédérique Leichter-Flack mène une réflexion éthique en s’appuyant sur la littérature. Dans cet essai, elle s’interroge sur ce qui se passe quand on est frappé par le malheur, quand on assiste au scandale du mal, quand nous étreint la révolte face au mal qui frappe à l’aveugle des innocents. On a beau savoir qu’il frappe au hasard, nous cherchons une raison, des fautes commises. Nos valeurs sont bouleversées

.
La philosophie, la politique et la théologie ont cherché à nous fournir du sens, à nous permettre de supporter la détresse, mais la certitude qu’il y a scandale ne s’efface pas derrière la raison. Avec qui converser sur la souffrance qui nous atteint ou dont nous sommes témoins ? Avec qui partager la douleur ? Avec qui chercher une cause ou un sens ? L’autrice propose la littérature. Non pour effacer le mal, mais pour l’identifier, pour l’affronter, le voir à l’œuvre sans qu’il nous détruise. Reconnaître l’aléa du mal et tenir bon devant son adversité.
Frédérique Leichter-Flack commence par poser le problème du mal en citant " Coco ", une très courte nouvelle de Maupassant, dans laquelle un enfant laisse volontairement mourir de faim le vieux cheval qu’il devait soigner. On ne saura pas que l’enfant est coupable. Pour accentuer le scandale, la nouvelle se termine par cette phrase : " Et l’herbe poussa drue, verdoyante, vigoureuse, nourrie par le pauvre corps ". Déjà, nous sommes dans la face obscure de la vie, là où il n’y a pas de fin heureuse, pas de salut, pas de rémission, pas de rétribution.
Suit l’histoire de Job qui subit tous les malheurs : la perte de ses dix enfants, de ses biens matériels, une maladie de peau qui le fait souffrir. Ses amis ne veulent pas croire à l’injustice et sont persuadés qu’il a mérité son sort. Mais Job refuse de se reconnaître coupable, puisqu’il ne l’est pas, et cherche le sens de cette injustice. À la fin du livre, il retrouve de nouveaux enfants, ses biens, la santé. Mais que fait-on de ses larmes, de ses cicatrices ? "  La thèse de la rétribution ne peut pas faire sens : son malheur est si disproportionné que rien ne peut valoir un tel excès de malheur " .dit la philosophe. Impuissant, on ne peut qu’assister et éprouver le malheur de Job, quelle que soit la lecture politique ou théologique que l’on pratique.
On continue à supporter des malheurs et des souffrances avec la triste fin du roi Lear face à la mort de sa fille Cordélia, avec Jane Eyre qui ne comprend pas la passivité de Helen Burns, avec Edmond Dantès qui devient comte de Monte-Cristo pour se venger des hommes, avec "Yossel Rakover s’adresse à Dieu" qui lui reproche d’avoir "voilé Sa face" et laissé les hommes livrés à leurs plus bas instincts, avec Joseph Roth dont le roman "Nemesis" raconte la mort d’enfants atteints par la polio que leur aurait transmis leur animateur dont la vie est brisée par la culpabilité…
On comprend la force de la littérature qui assume son ignorance, qui se tait, qui ne cherche pas à expliquer, qui ne donne pas de fin heureuse. Les romans qui racontent des histoires qui finissent mal, que nous aimons lire, nous aident à mettre des mots sur la réalité d’un monde où le mal frappe au hasard, sans raison, à ne pas attendre de réparation. Ils nous aident à préserver un sens à notre existence, à ne pas sombrer, à dire comme Sonia à son oncle Vania, "Nous allons vivre, […] nous allons travailler avec les autres […] et quand notre heure sera venue, nous mourrons […] et nous nous reposerons… nous nous reposerons".


17,50
Conseillé par (Libraire)
2 mars 2023

Un jeune homme de 19 ans vit dans une cité chez son père avec sa compagne et leur petite fille. Il n'a pas d'emploi, vit du RSA et de l'argent de la drogue qu'il deale. En raclant toute l'épargne de sa famille, il a remboursé à son fournisseur la quasi-totalité d'une dette de plusieurs milliers d'euros. Il doit encore 450 euros qu'il veut emprunter à sa voisine, la “vieille”, laquelle lui reproche de s'être payé sans lui en parler des courses qu'il lui fait et lui refuse le prêt. De rage, il la tue avec “le couteau qui était toujours là devant elle sur la table”. Pourtant, il l'aimait bien, dira-t-il au procès. En la tuant, par colère plus que pour l'argent, le jeune homme s'enfonce encore plus dans le monde des pauvres, s'exile un peu plus de l'humanité et de son humanité, se met hors-la-loi.

Le narrateur retrace son parcours de jeune de cité qui n'a jamais eu de chance, qui est un bâtard selon la rumeur, qui n'a connu que la misère. Il a cru échapper à un nouveau rejet, celui de son père qui n’est pas son vrai père, sans y arriver, "Il y a les vaincus et les vainqueurs. [...] Il se condamne d'avoir cru, un instant, qu'il pouvait s'échapper". L’autrice ne doute pas : il est coupable, " Ne croyez pas qu'il s'absolve. Il est coupable oui, il est coupable". Il faut donc bien qu’il écope d’une peine et qu’il paie sa faute en prison.
Ce livre est un constat, un état des lieux, une reconstitution, une histoire de perdition, des conséquences de l’acte. Avec une froide colère, Constance Debré raconte un contexte et recherche où est le mal, où est le bien. Qui juge et qui est jugé ? Les gens du dessous ou ceux du dessus ? Le crime est-il de la faute du jeune homme ou de société ? Y a-t-il un reste de Caïn dans nos gènes ? L’ex-avocate puise dans ses souvenirs, nous prend à témoin, cherche à comprendre, sans trancher, car “meurtre, c’est fait pour que quelque chose s’arrête”.
Son texte est comme une plaidoirie fulgurante, une série de coups à l’estomac, il happe le lecteur, le fascine, le suspend à mots, l’accroche à ses phrases au point qu’il peine à suspendre sa lecture.
Constance Debré fait fort pour sa première œuvre de fiction qui révèle son talent d’écrivaine.


7,80
Conseillé par (Libraire)
25 février 2023

Adolescente, elle buvait avec sa bande de copains, pour avoir confiance en elle. Devenue adulte, elle a continué par besoin pour mener son job de journaliste baroudeuse, pour se sentir forte, pour l’ivresse et pour la fête, pour casser les codes de la féminité. En réalité, sa vie personnelle et affective est un échec.

Alors qu’elle est célibataire depuis huit ans, elle rencontre un homme dont elle tombe amoureuse. Tranquillement, il refuse de boire la moindre goutte d’alcool. Ça la subjugue en même temps que ça l’aide à prendre conscience de sa dépendance et de ses abus d’alcool. Lors d’un réveillon de Nouvel an, alors qu’elle est ivre, elle se voit dans le regard de son amoureux, ce qui la décide brusquement d’arrêter.
Elle a donc arrêté de boire de l’alcool le 1er janvier 2020 et calcule sa vie à partir de cette date car " Quand vous êtes un ancien alcoolique, la vie commence vraiment quand vous avez arrêté, aussi vous calculez tout en fonction de cette date salvatrice ". Elle décrit la difficulté d’arrêter, l’obligation de " tout reconfigurer, changer la matrice ", l’incompréhension de ceux qui trouvent que tout arrêter est excessif. Car en France, pays du vin, on devrait tous pouvoir boire par plaisir, modérément… Claire Touzard sait à l’évidence que la souffrance, le vide, l’exclusion, l’ennui de vivre poussent à boire trop.
Elle raconte avoir été marquée par l’aveu de Brad Pitt qu’il a été alcoolique. Elle admire qu’il ose en parler. Son geste, ainsi que son besoin d’être aidée, lui feront aller vers les Alcooliques anonymes.
Claire Touzard mène dans cet ouvrage une enquête fouillée et intéressante sur son alcoolisme et sur celui de plusieurs pans de la société. Son récit interroge la norme sociale qui admet la normalité de la consommation d’alcool, même abusive, et qui considère que l’abstinence est une incongruité.


Le jour où j'ai arrêté de boire

Flammarion

19,90
Conseillé par (Libraire)
25 février 2023

Adolescente, elle buvait avec sa bande de copains, pour avoir confiance en elle. Devenue adulte, elle a continué par besoin pour mener son job de journaliste baroudeuse, pour se sentir forte, pour l’ivresse et pour la fête, pour casser les codes de la féminité. En réalité, sa vie personnelle et affective est un échec.

Alors qu’elle est célibataire depuis huit ans, elle rencontre un homme dont elle tombe amoureuse. Tranquillement, il refuse de boire la moindre goutte d’alcool. Ça la subjugue en même temps que ça l’aide à prendre conscience de sa dépendance et de ses abus d’alcool. Lors d’un réveillon de Nouvel an, alors qu’elle est ivre, elle se voit dans le regard de son amoureux, ce qui la décide brusquement d’arrêter.
Elle a donc arrêté de boire de l’alcool le 1er janvier 2020 et calcule sa vie à partir de cette date car " Quand vous êtes un ancien alcoolique, la vie commence vraiment quand vous avez arrêté, aussi vous calculez tout en fonction de cette date salvatrice ". Elle décrit la difficulté d’arrêter, l’obligation de " tout reconfigurer, changer la matrice ", l’incompréhension de ceux qui trouvent que tout arrêter est excessif. Car en France, pays du vin, on devrait tous pouvoir boire par plaisir, modérément… Claire Touzard sait à l’évidence que la souffrance, le vide, l’exclusion, l’ennui de vivre poussent à boire trop.
Elle raconte avoir été marquée par l’aveu de Brad Pitt qu’il a été alcoolique. Elle admire qu’il ose en parler. Son geste, ainsi que son besoin d’être aidée, lui feront aller vers les Alcooliques anonymes.
Claire Touzard mène dans cet ouvrage une enquête fouillée et intéressante sur son alcoolisme et sur celui de plusieurs pans de la société. Son récit interroge la norme sociale qui admet la normalité de la consommation d’alcool, même abusive, et qui considère que l’abstinence est une incongruité.