S'il est un monde invisible, c'est bien celui des entrepôts dans lequel travaille Anthony. Ce récit atteint donc parfaitement son objectif.
L'histoire d'Anthony est celle d'un jeune homme qui mûrit au fil des emplois qu'il décroche, qui garde intacte sa fierté et qui refuse qu'on le maltraite.
Un texte émouvant et choquant du fait du sort que subissent trop de jeunes de sa génération.

Cette histoire nous est contée du point de vue de Wheeler et de Weezie Putnam, sa grand-mère qu'il retrouve aussi dans Vienne quand elle est encore jeune fille. Elle s'étend donc sur un siècle et effectue des va-et-vient entre l'Amérique du milieu du 20e et l'Autriche de la fin du 19e siècle. On croise des personnages historiques, Malher, Freud, des jeunes pousses des milieux artistiques et intellectuels.
Tout à la joie de découvrir l'effervescence de Vienne, Wheeler ignore qu'il va aussi découvrir des pans cachés de l'histoire de sa famille qui vont éclairer certains hasards.
Mais quand il tombe amoureux de la jeune américaine Weezie Putnam dont il n'ignore pas quels liens de parenté les unissent, il réalise qu'il ne peut ni ne doit changer le cours de l'histoire. C'est là tout son drame. Sachant que Dilly subissant la torture a conçu une haine farouche de Hitler, il est conscient que rencontrant l'enfant de Lambach, alors âgé de 8 ans, il ne pourra lui briser la nuque comme il imagine pouvoir le faire. On s'amusera à lire les tentatives de Wheeler de faire Freud réaliser que son travail va provoquer une révolution dans les consciences. De même quand Wheeler, qui a été été un joueur de frisbee dans le 20e siècle, crée à Vienne cet objet inconnu et n'arrive pas à le rendre populaire.
En mêlant la littérature, l'art, l'histoire, les idées, Selden Edwards nous entraîne dans un lacis d'aventures et de mystères, dans des secrets de famille bien gardés. Bien sûr, même si on se laisse emporter -et sauf si on admet l'irrationnel- on ne croit pas cette histoire, mais on imagine ce qu'aurait été un monde sans Freud, sans Hitler. On appréciera l'intelligence et les inventions de l'auteur, mises au service d'un roman passionnant au dénouement inattendu.

La vie d'un chercheur est une vie de passion. La recherche est une activité chronophage qui exige de la patience, de la ténacité, de la détermination. Parfois, il faut savoir aussi être un ingénieux bricoleur. De ce métier prestigieux, que connaissons-nous vraiment ?
Sébastien Balibar travaille dans le domaine de la physique du froid. Il observe la supersolidité de cristaux d'hélium confinés dans un mélange gazeux à -273°C. Son outil de travail est donc un frigo... un peu particulier. Il cherche à savoir si des cristaux supersolides peuvent couler...

Un récit qui permet de comprendre ce qu'est un chercheur, ce qu'est la recherche scientifique et qui remet les pendules à l'heure. Non, les chercheurs ne sont pas des privilégiés grassement payés qui "sont au chaud" dans leurs labos. Non, leurs sujets de recherche ne sont pas futiles. Non, le chercheur isolé n'existe pas. Non, le chercheur n'est pas seulement qu'un intellectuel...
Un récit accrocheur, rythmé, sérieux tout en n'étant pas dénué d'humour, compréhensible.

En écho, on pourrait lire "En cherchant Majorana", de Etienne Klein (Des équateurs, 2013), la biographie d'un très grand physicien à la personnalité complexe.

Voici bien une catégorie de personnes qui peuvent nous agacer : les chauffeurs-livreurs, toujours pressés, garés là où ça dérange ou bloquant la rue le temps d'un déchargement. Portant, en nous apportant nos appareils ménagers, en livrant es médicame,nts à la pharmacie de notre quartier, en apportant nos dosettes de café, et même nos livres... ils continuent à la qualité de notre vie quotidienne. Mais que savons-nous des contraintes de leur métier ?
Un plongeon utile pour découvrir la face inconnue du travail de ces personnes.

Cet essai, "Le Parlement des invisibles" expose le projet "Raconter la vie". Il s'agit de faire face au désenchantement démocratique d'une population qui ne se sent pas écoutée par les gouvernants de leur pays. La démocratie est minée par l'invisibilité des gens ordinaires., des vies banales, des initiatives non reconnues. Ces vies non racontées sont de fait des vies diminuées.
"Raconter la vie" vise à faire s'exprimer des vies ordinaires, à faire entendre des petites voix, à faire valoir des soucis de tous les jours.
Il devrait ainsi être possible de déchiffrer une société devenue illisible et même introuvable, de permettre à des personnes -des citoyens- de donner sens à leur histoire personnelle en l'insérant dans une histoire collective. Ce sera un redéveloppement de l'idéal démocratique en portant "attention à tous" dans les trois dimensions politiques, sociales et morales, en permettant de se connaître pour pouvoir faire société.

De lecture aisée, le petit ouvrage permet d'apprécier l'importance du projet pour la qualité de la vie démocratique. Une lecture urgente et un projet à soutenir.