nymeria

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Grande lectrice depuis toute petite et blogueuse depuis peu, j'adore lire pour m'évader, découvrir de nouveaux auteurs et partager mes impressions avec d'autres lecteurs. ^^

roman

Libretto

Conseillé par
17 avril 2011

Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre étant donné le résumé quelque peu faiblard de la quatrième de couverture. Je voulais essayer cet auteur dans l’optique de lire plus de littérature irlandaise, qui me plait beaucoup en général. J’ai pris celui-ci à tout hasard à la médiathèque et vous savez comment ça se passe, je n’ai pas réussi à m’en décrocher avant que ça soit fini (il m’a pratiquement fait passer une nuit blanche) ! Un vrai régal !

On suit Franck et son ex-femme Eleanor, deux irlandais qui se retrouvent au Nicaragua au début des années 90 pour identifier et récupérer le corps de leur fils, mort pendant une attaque en pleine révolution. Après une attente plutôt longue, il découvre que ce n'est pas le corps de leur fils et que celui-ci est peut être toujours en vie... Suit tout un périple au travers du Nicaragua, accompagnés des amis de leur fils, dans une vieille camionnette bringuebalante...

Joseph O’Connor est, à n’en point douter, un conteur de génie. Il alterne les chapitres entre le périple en camionnette au Nicaragua à la recherche du jeune homme disparu (qui devient vite une obsession pour le lecteur. Vivant ? Mort ?) et des flash-backs sur la relation amoureuse d’Eleanor et Franck, des prémices jusqu’à l’explosion de leur mariage. Sans s’en apercevoir, nous voilà ballotté d’un côté à l’autre, sans temps mort et avec beaucoup d’aisance et de fluidité. Le lecteur se retrouve devant un dilemme : il veut savoir ce qui est arrivé au jeune homme mais il veut également découvrir ce qui a pu se passer pour que Franck et Eleanor en viennent à se détruire. Voilà pourquoi on en vient rapidement à ne plus pouvoir se déscotcher du livre.

Le contexte, houleux, donne suite à une série d’aventures drolatiques, pittoresques, limite douce amères (comme lorsqu’ils sont obligés d’acheter un cercueil au cas où leur fils serait mort et de l’attacher au toit de la camionnette). Joseph O’Connor a, à l’évidence beaucoup de talent et possède un style prenant, coloré et gentiment irrévérencieux qui assurément vous plaira si vous lui donnez une chance…

Conseillé par
17 avril 2011

Auteur prolifique de romans policiers qui se passent dans l’Angleterre Victorienne, Anne Perry sort de son contexte habituel pour son dernier roman. L’histoire se déroule au XIIIème siècle à Constantinople et de prime abord, il faut quelque temps pour s’acclimater à la situation de l’époque et comprendre tous les enjeux politiques et sociaux de ce siècle.
Anne Perry prend le temps de nous instruire sur la civilisation byzantine, sa société raffinée et décadente à la fois, où le métissage de ses populations signe sa richesse mais aussi son déclin.

Constantinople, siège de croisades, mainte fois pillée est le centre de bien des convoitises : pape, doge, prince, tous cherche à étendre leur pouvoir qu’il soit religieux ou politique, et Constantinople se retrouve engluée dans de nombreuses intrigues.
Le récit est vraiment riche en détails, Anne Perry a fait un véritable travail de recherche sur l’époque et ça se sent. On se retrouve rapidement subjugué par le dynamisme de son intrigue et la force de ses personnages. Complots et vengeance sont les maîtres mots du récit.
Du sang sur la soie est d’ailleurs bien plus un roman historique que policier. La narration est très ambitieuse et dense, autant dans son contexte que dans ses nombreux personnages. On s’y perd un peu. C’est d’ailleurs l’un des deux reproches que je ferai à ce roman : on finit par s’égarer dans ce dédale de détails et sur 780p, ça peut finir par agacer. Le deuxième reproche étant la redondance de questionnements que se posent les personnages (je n’ai pas compté le nombre de points d’interrogation dans le livre mais il doit y en avoir un paquet !). J’ai trouvé cette manie irritante.

Conseillé par
17 avril 2011

Au vu des nombreuses critiques élogieuses éparpillées sur le net à propos de ce roman, et de plus ayant lu et aimé le roman jeunesse co-écrit avec Patrick Mc Spare, j’avais follement envie de lire « Druide » d’Olivier Péru. J’en profite au passage pour remercier un autre Olivier, des éditions Éclipse cette fois, qui a gentiment accepté de m’envoyer ce magnifique roman. Parce que oui, vous l’aurez deviné, « Druide » m’a conquise aussi, et j’ai eu grand mal à m’en décrocher avant la dernière page tournée. Un authentique « page-turner » comme le disent nos amis anglophones.

Tout commence par un mystérieux carnage dans une forteresse réputée inviolable. Aucunes traces laissées par l’ennemi, aucun témoin, et des corps déchiquetés en veux-tu-en-voilà. Obrigan, un éminent druide, se décide à mener l’enquête. Ne croulant pas sous les indices, le druide devra cependant faire vite, car déjà les clans se préparent à la guerre. 21 jours, c’est tout ce qu’il aura pour prévenir l’inévitable…

Et bien, je peux vous dire qu’il s’en passe des choses en 21 jours ! J’avoue ne pas avoir lu beaucoup de romans fantasy français, mais voici un auteur que les étrangers auront vite fait de nous envier. Preuve est qu’il n’y a pas forcément à aller chercher outre-Atlantique pour trouver de la fantasy de qualité. Preuve aussi que l’on peut écrire un très bon roman, dense, sans avoir à s’empêtrer dans des cycles interminables… Une bouffée d’air frais, si je puis me permettre.

Tout d’abord, il y a la façon dont Olivier Péru met en place son intrigue et crée un suspense, intense et croissant : par le compte à rebours des 21 jours. Chaque chapitre correspond à une journée, et l’on voit peu à peu se profiler une tension, le rythme s’accélérer doucement jusqu’au bouquet final. Un rythme ardent, et qui va crescendo à chaque chapitre, voilà une recette imparable et démoniaque, car il devient vite clair que l’on aura de plus en plus de mal à reposer le bouquin entre les chapitres (aller encore un, puis encore un…) C’est d’ailleurs comme ça que je conçois un thriller, avec une montée en intensité graduelle, et « Druide » se trouve être un mélange des deux genres. Il y a une enquête, on suit pas à pas Obrigan et ses apprentis qui tentent de percer le mystère des assassins de Wishneight, puis il y a le côté fantasy avec ses castes de druides, ses rois, ses monstres, etc. L’univers druidique est d’ailleurs superbement exploité, d’une cohérence sans faille et dense à souhait. Un sujet qui est rarement abordé en fantasy, d’où une certaine originalité qui n’offre que plus d’intérêt au roman. Je me suis régalée.

L’écriture d’Olivier Péru est tour à tour dynamique, réaliste et poétique. Les descriptions de la forêt sont sublimes, la nature dépeinte est foisonnante, on rêverait de s’y promener (si ce n’était si dangereux !). Le calme apparent qui règne dans cette forêt joue d’ailleurs en partie sur la tension du roman, car elle cache bien des choses dangereuses en son sein. La quiétude côtoie l’horreur apportée par les massacres perpétrés dans la forêt, et les descriptions se font pénétrantes, en ce qu’elles procurent des sensations fortes aux lecteurs. Âmes sensibles s’abstenir. Car il est vrai que la mort imprègne le roman, et le lecteur n’est pas ménagé une seule seconde. Niveau carnage, l’auteur y va allègrement, et si vous n’aimez pas votre fantasy sombre et sans concessions, « Druide » n’est peu être pas fait pour vous. Personnellement, je n’ai pas été choquée parce qu’on sent bien que cette violence n’est pas gratuite, et l’auteur ne cherche pas à faire dans la surenchère (pour en avoir lu, je peux vous dire que ça se sent).

Un dernier petit mot sur les personnages (parce que sinon je sens que je pourrais discourir pendant des pages…hop, hop, hop, on ne fuit pas !). Et bien, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas besoin de trois tomes pour s’attacher à des personnages, surtout quand ils sont aussi charismatiques ! Chaque personnalité est fouillée, les secondaires sont nombreux et particulièrement soignés (oui, même les méchants sont charismatiques). Coup de cœur spécial pour Obrigan et Jareckson, dont j’ai beaucoup aimé voir le lien qui les unit se développer, jusqu’à devenir de l’amitié. La dualité de Jareckson qui regrette ses actions passées, est décrite avec adresse, et on finit par s’attacher au personnage (oui j’ai versé ma larmiche à la fin). Des personnages réalistes, nuancés, ni foncièrement bon ou mauvais, bref des personnages comme je les aime et que l’on devrait voir plus souvent.

Robert Laffont

Conseillé par
17 avril 2011

Un roman tout en douceur et quiétude, sans heurts ni mélodrame, une petite merveille de lecture. Oui, Brooklyn est tout ça à la fois et même plus. Un nouveau coup de cœur.

Eilis est une jeune irlandaise dans les années 50, qui vit avec sa mère et sa sœur aînée. Ayant des difficultés à trouver du travail, sa famille la pousse à s’exiler aux Etats-Unis où une situation s’offre à elle. Nous suivons sa transition et son adaptation à sa nouvelle vie (et patrie), ses petits conflits avec ses co-locataires, etc.

Brooklyn possède une empreinte féminine indéniable, les hommes n’y ayant finalement que peu de place. Colm Toibin dresse un très beau portrait de femme et retranscrit à la perfection les incertitudes et les émois d’une jeune femme de l’époque. Eilis est touchante dans sa simplicité, sa sincérité, sa volonté de reste fidèle à elle-même. On s’attache vite à elle et l’on suit son parcours, son éclosion dans sa nouvelle vie de femme avec appréciation et sollicitude.

La plume de Colm Toibin est tranquille, limpide, et nous donne l’impression qu’une peinture se façonne sous nos yeux, sans grandiloquence, dans une ambiance tamisée. Tout est orchestré à la perfection et c’est avec soulagement que l’on s’immerge dans ce roman sans angoisse, sans bouleversement, juste les drames courants de la vie. Authentique. Colm Toibin est visiblement un grand écrivain qui a compris que nul n’était besoin de surjouer et de surenchérir pour écrire un bon roman.

Volume 1, Un hiver de sang

1

Ruckley, Brian

Eclipse

Conseillé par
17 avril 2011

Oyez, oyez ! Amateurs de Fantasy épique et historique à l’univers sombre et dense, « Un Hiver de sang » pourrait bien vous intéresser. Si le roman surfe sur la vague de titres matures qui ont trouvé leurs maîtres en George R.R. Martin, Anthony Durham ou encore David Gemmell, Brian Ruckley réussit à retirer son épingle du jeu grâce à de nombreuses références et allusions réalistes et historiques, qui donnent à ce premier tome une base solide et efficace qui laisse présager du meilleur.

Découpé en cinq parties et possédant non seulement une carte, mais aussi une chronologie des faits les plus importants et une liste de personnages par famille, « Un Hiver de sang » annonce clairement la couleur dès le départ : nous sommes en présence d’un univers foisonnant, vaste et complexe, aux personnages nombreux et qui demande un certain temps d’adaptation pour bien réussir à s’imprégner de tous les tenants et aboutissants de son intrigue. En effet, frôlant les 600 pages, ce premier tome ne fait que « poser » les bases de sa trame, et il faut attendre une centaine de pages pour rentrer dans le vif du sujet. Néanmoins, loin d’être ennuyeuse, cette première partie est vraiment très prenante et passionnante, car l’auteur prend son temps pour développer son monde et ses personnages, et on s’habitue tout doucement à eux (pour mieux les regretter, leurs fins se profilant rapidement).

Ainsi les relations entre les divers personnages sont particulièrement creusées, et Brian Ruckley leur accordent une attention spéciale (ça m’a rappelé la façon de faire de George R.R. Martin qui développe les relations familiales à l’extrême) qui provoque chez le lecteur un attachement certain aux dits personnages. Couples, familles, amis ou ennemis, chaque relation est décortiquée, et déjà le lecteur comprend les tensions sous-jacentes sur lesquelles se base l’intrigue. Les lignées et races sont nombreuses et possèdent une consonance nordique certaine (Huanins, Kyrinins, Whreirins, etc.), qui n’est pas sans rappeler les Vikings, les Écossais et autres peuplades du Nord. Pour preuve l’emploi du mot « Thane » qui désignait un seigneur guerrier chez les Anglo-Saxons, notamment en Écosse. On sent clairement le féru d’histoire derrière ces références qui apportent une touche originale bienvenue au récit.

Les narrateurs sont multiples, et on passe régulièrement d’un point de vue à un autre (on peut donc se retrouver du côté assiégé comme assiégeant), ce qui donne une certaine épaisseur aux personnages, qui ne sont ni foncièrement bons ni mauvais. Aeglyss apparaît ainsi comme un « méchant » charismatique, plein de failles et de détresse et Orisian nous semble bien lisse à côté (alors que l‘on peut plus ou moins le considérer comme le héros de l‘histoire)... Mention spéciale à Varryn et Essyr, mes personnages préférés avec Aeglyss, dont j’espère bien voir le rôle se développer un peu plus dans le second tome.

Le ton se veut direct et réaliste, les scènes de bataille et de morts étant assez nombreuses, bien que l’histoire ne tombe jamais dans le graveleux (pas de sexe, ni ne jurons ici au contraire d‘un Martin). Un récit moins sombre et glauque qu’il n’y parait finalement, comparée à la production habituelle du genre. Un monde rude et implacable néanmoins, et qui se veut concret et réel. Que ce soit dans sa politique sournoise, ses complots, ses machinations douteuses, ses scènes dramatiques ou plus paisibles qui jalonnent le roman, « Un Hiver de sang » se veut consistant et authentique, et y réussit plutôt bien. Alors on pourra peut être reprocher un manque de magie certain (qui devrait se développer dans le deuxième tome), un petit air de déjà vu dans sa trame (des batailles, une fuite), et quelques longueurs vers le milieu du récit. Mais franchement, c’est chipoter, car « Un Hiver de sang » est un premier roman solide et efficace, qui remplit ses objectifs avec emphase, alors que demande le peuple ?