nymeria

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Grande lectrice depuis toute petite et blogueuse depuis peu, j'adore lire pour m'évader, découvrir de nouveaux auteurs et partager mes impressions avec d'autres lecteurs. ^^

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5 novembre 2014

« Tous les oiseaux du ciel » est un étrange roman, au rythme inversé qui permet d’installer confusion et tension au récit. Nous suivons Jake, une jeune australienne solitaire qui vit uniquement entourée de ses moutons et de son chien, Dog (qui veut dire chien, vous remarquerez l’originalité de la chose). Mutique, méfiante et n’aimant pas beaucoup la compagnie d’autrui, celle-ci doit faire face à la disparition et la mort de quelques-unes de ses bêtes. Dès lors, c’est une atmosphère angoissante qui s’installe. Qui tue donc ces moutons ? Ou quoi ? Est-ce juste de la méchanceté de la part d’un groupe d’ados qui cherche à s’amuser ou Jake se serait-elle fait des ennemis qui auraient retrouvé sa trace ? Au beau milieu de cette lande sauvage et envahie par les vents, difficile de ne pas se laisser gagner par l’appréhension, par les ombres qui passent devant la fenêtre et par les hurlements du vent. Si c’est bien de cela qu’il s’agit…

A partir de cette interrogation, Evie Wyld déroule sous nos yeux curieux le passé de Jake et construit une narration à reculons, les souvenirs de l’héroïne nous étant livrés de manière décroissante. On commence donc par des flash-back dans le passé le plus récent de Jake pour remonter de plus en plus loin dans ses souvenirs. Les chapitres voire parfois les paragraphes, alternent entre ce passé et le présent qui l’a amené à son exil dans cette campagne hostile. C’est du coup difficile de suivre l’intrigue, qui requiert toute l’attention du lecteur. Si l’on ne concentre pas dès le début, il parait évident que l’on se perdra dans les méandres des réminiscences de Jake. Pourtant, s’il l’on s’accroche, le récit vaut vraiment le coup car la vie de l’héroïne s’avère dès plus tumultueuse.

Au fur et à mesure que les pages se tournent, le passé de l’héroïne et cette narration à rebours prennent tout leur sens. Et je me dois d’applaudir des deux mains ce procédé ingénieux qui nous plonge de plus en plus profondément dans les blessures de Jake. Evie Wyld parvient ainsi à garder tout le suspense et la tension jusqu’au dénouement final. Jusqu’à cet élément déclencheur qui a fait de la vie de l’héroïne une descente aux enfers. Les différents portraits de personnages que croisera Jake tout au long de ses divagations sont impitoyables et on comprend que celle-ci se soit refermée sur elle-même. Heureusement, çà et là une rencontre lui apporte un peu de bonté. Poussée dans ses moindres retranchements, on sent pourtant que son chemin aboutira à quelque chose de plus heureux. La fin, qui est aussi le début de l’histoire de Jake, se veut enjoué et lumineux. On évite ainsi l’écueil du pathos et on referme le livre avec de l’espoir pour notre héroïne malmenée.

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5 novembre 2014

Vous ne connaissez peut être pas Charles Frazier mais pourtant on lui doit le roman qui a servi d’adaptation pour le film « Retour à Cold Mountain » avec Nicole Kidman. Décrit comme l’un des grands romanciers des espaces américains, il est indéniable que l’auteur connait très bien la nature et sait comme la sublimer. « A l’orée de la nuit » qui se pose comme le récit de personnages malmenés par la vie est aussi une ode à cette même nature, qui sert ici de refuge pour ces laissés pour compte. L’auteur semble recommander un retour aux sources, une hygiène de vie au plus près de la nature. Se balader en forêt, faire pousser ses propres légumes, élever des poulets et ne pas se laisser enrôler dans un train de vie matérialiste. Pour se faire, il nous décrit le quotidien de Luce, jeune femme vivant au fin fond des Appalaches au milieu des années 60. Suite au meurtre de sa sœur, elle se retrouve avec ses deux enfants sur les bras et se laisse vite dépasser. A sa décharge, ses neveux et nièces ne sont pas des plus équilibrés. Elle les soupçonne d’avoir assisté au meurtre de leur mère, assassinée par leur beau-père. Comment réussir à les faire sortir de leurs coquilles ? A les apaiser ? Qu’est-ce que c’est que le rôle d’une mère ? Luce devra faire montre de patience et de détermination pour dompter les deux enfants…

Pas vraiment thriller ni vraiment western comme j’ai pu le lire, « A l’orée de la nuit » est un hymne à la nature sauvage et à la reconstruction. Tous les personnages sont des paumés, qui ont souffert à un moment ou à autre et se sont retranchés sur eux-mêmes, laissant un vide dans leur entourage. Si Dolores et Franck, les neveux de Luce, ressemblent plus à de petits animaux sauvages qu’à des enfants, leur tante n’est pas un modèle d’équilibre non plus. Suite à un drame qu’elle a réprimé de toutes ses forces, elle s’est créé une façade que la venue des enfants commence à fissurer. Elle se pose plein de questions sur la notion de famille, d’amour et de responsabilité. Au final, c’est vers la nature qu’elle se tourne pour tenter de guérir Dolores et Franck. Les deux enfants mutiques, qui semblent trouver un plaisir malsain dans le feu et ont déjà décapité deux poulets, commencent à s’apaiser au contact d’une petit jument et lorsqu’ils se promènent en forêt. Luce leur dispense des leçons de vie : comment récolter les légumes, savoir reconnaitre certaines plantes, le plaisir du travail bien fait. Des choses simples qui leur permettent de vivre l’instant présent. Luce s’adoucit et la vie reprend son cours… Du moins pendant un temps car à une centaine de kilomètres de là, Bud le meurtrier de sa sœur est relâché et blanchi de tous soupçons. Et il semble bien décidé à retrouver les enfants.

Le roman se fait alors double car au lieu de se concentrer sur Luce et sa nouvelle vie, Charles Frazier donne aussi voix à Bud et à ses errances de marginal. On entre dans sa tête, voit à travers ses yeux et comprend ce qui le motive. Bien que détestable, on se rend compte que Bud ne réagit que par instinct et n’essaie pas d’analyser ses propres faits et gestes. Il agit avant de penser et ne s’encombre pas de remords. C’est marche ou crève. C’est un individu primaire, qui ne semble pas capable d’empathie. L’argent facile semble régir sa vie. Bref, on sent que tout l’oppose à Luce et que leur affrontement ne pourra pas bien se finir. Charles Frazier est vraiment très doué quand il s’agit de percer la psyché de ses personnages. Ceux-ci sont denses, torturés et ne laissent pas indifférent. La beauté côtoie la noirceur, la simplicité la vénalité. L’auteur mène son récit de main de maitre. Sa plume est généreuse, imagée et offre de très beaux passages. Un très bon roman de cette rentrée littéraire.

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5 novembre 2014

« Le jeu de l’assassin ». Un titre qui fait frémir et qui promet des coulées de sang, du suspense et peut être quelques plans machiavéliques de derrière les fagots. Sauf que l’assassin remise ici sa capuche pour sortir ses dessous affriolants et que plutôt que de se tapir dans la nuit, celle-ci préfère se coucher dans un lit. Méfiez-vous messieurs si une jolie femme vient vous séduire, probable qu’elle cherche en fait à vous tuer. Après vous avoir fait hurler de plaisir bien sûr…

Dans « Le jeu de l’assassin » que l’on pourrait, que dis-je, que l’on DEVRAIT renommer « Le jeu de la courtisane », tout est prétexte à rire. Comme l’assassin est une femme, forcément elle ne peut pas être quelqu’un de déterminé, d’implacable et de dangereux comme ses confrères masculins. Non. Il faut qu’elle séduise sa victime avant de la tuer et elle doit utiliser le sexe pour parvenir à ses fins. Mais bien sûr ! Et bien évidemment, elle ne sait même pas tenir ses engagements et tombe en moins de deux secondes sous le charme de sa cible…

Que de clichés sexistes ! Et dire que ce roman a été écrit par une femme. Si Amy Raby voulait créer une histoire autour d’une courtisane, il n’y avait pas besoin de déguiser son roman sous de faux airs de fantasy à capuche. Même si c’est vendeur. Le fond emprunte vaguement au genre. Mais c’est surtout de la romance avec quelques artifices de fantasy. Je ne comprends pas le choix de Bragelonne d’avoir publier ce bouquin sous ce label plutôt que Milady, où il avait bien mieux sa place. D’ailleurs la couverture étrangère est sans équivoque et annonce clairement la couleur.

Bref, j’imagine que c’est ma faute de m’être fait avoir par une jolie couverture et par un résumé sympa. Mais je rie jaune quand je relis la 4ème de couverture et que je vois « Vitala Solonius est un assassin surentraîné ». Avec la musique d’action que ça implique. Tantantantaaaaaaaaaan ! Ok. L’assassin surentraîné, quand elle se retrouve confrontée à 4 ou 5 adversaires et qu’elle doute de pouvoir sans sortir (petite joueuse !), se demande QUAND MÊME si ce n’est pas trop tard pour utiliser ses atouts féminins et les enjôler… OK, ma cocotte, je t’explique. Quand tu as 5 mecs armés devant toi prêt à te couper la tête, je pense QU’EFFECTIVEMENT il est trop tard pour les séduire ! Réaction donc de notre assassin surentraîné pour se sortir de ce mauvais pas : « Laissons-en-un me violer, je trouverais peut être une ouverture… ». *soupir* Bon, il n’y a rien à dire. C’est… édifiant ou consternant je vous laisse choisir. Je vous passe aussi l’intrigue qui se résume à « elle tombe amoureuse du roi, le roi risque de se faire destituer par son oncle, elle le protégera et il y aura du sexe». Conclusion, la seule chose de bien dans « Le jeu de l’assassin », c’est sa couverture…

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3 mars 2014

Alors que le nouveau roman de Sandrine Collette vient de sortir chez Denoël, son premier roman quant à lui, sort enfin en format poche chez "Le livre de poche". Vu les bons échos que ce roman avait reçu et le résumé choc (un homme séquestré dans une cave par deux vieux qui l’utilisent comme animal de bât), j’étais très curieuse de découvrir cet auteur français. Et honnêtement pour un coup d’essai, Sandrine Collette s’en sort admirablement, le roman ne se résumant pas à une suite de scènes glauques. L’auteur ne fait pas l’impasse sur l’aspect psychologique et émotionnel de la situation, elle ne se cantonne pas à un seul aspect de l’histoire. Si elle avait tout misé sur la suite de tortures physiques et les humiliations que subissent Théo, on aurait certainement eu cette sensation de voyeurisme que certains récits engrangent.

Mais l’auteur nous livre un roman complet, abouti. Certes, il y a du suspense, la tension allant crescendo tout au long du récit, mais il y a aussi une vraie charge émotionnelle qui nous prend aux tripes.
Quelle maitrise pour un premier roman ! Sandrine Collette a trouvé la formule parfaite du thriller réussi. Du suspense, du sordide, de l’émotion, de l’ambiguïté… Parce que Théo est loin d’être un enfant de chœur et qu’on le découvre à contre-courant, avant cette épreuve, à sa sortie de prison. La manière dont on le rencontre, sa personnalité brute, le geste coléreux qu’il a eu envers son frère qui l’a conduit sur le chemin de sa perte, tout concourt à ne pas nous le rendre sympathique. La scène où il rend visite à son frère est choquante, on a vite fait de se faire une mauvaise opinion de lui. Puis, petit à petit, sa séquestration nous le révèle sous un jour nouveau. Au compte-goutte, il se livre. Sur sa relation avec son père, avec son frère, sur ce qui l’a construit. Face aux « vieux » sournois et sadiques, on se prend d’affection pour cet homme brisé, poussé au bord de l’abîme. La description de sa chute, de son renoncement est proprement bouleversante. Qu’est-ce qui est le pire ? Les coups ? Les vexations ? La déchéance ? Ou la capitulation ? Les deux derniers paragraphes du roman valent à eux seuls la lecture de ce thriller. Impossible de ne pas laisser l’émotion nous envahir à l’énoncé de ses quelques phrases, intenses. Bravo madame Colette !

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3 mars 2014

Plutôt déçue par ce roman dont j’espérais autre chose. Je suis bon public quand il s’agit de littérature américaine avec ses laissés pour compte et sa pluriethnicité, ce qui était supposé être au cœur du roman de Ivy Pochoda. Si l’histoire n’est pas mauvaise dans l’absolu, la vérité étant plus simple (même si plus tordue) qu’il n’y parait, je n’ai pas été ébloui par le style de l’auteur ni par la narration à laquelle je n’ai pas adhéré. La manière qu’a l’auteur de sauter d’un personnage à un autre en prenant le train en cours de route, n’a pas réussi à retenir mon attention. Avec son mode de narration choral et ses détails de la vie dans un quartier multiculturel, on ne se fixe jamais vraiment sur un aspect particulier, ce qui donne l’impression d’un récit désordonné, sautillant, qui ne retient jamais complètement l’attention du lecteur.

Bizarrement, on ne ressent pas d’empathie envers les divers personnages qui manquent de dynamisme, d’authenticité. On les sent loin, ce qui n’est pas censé être le cas, mais c’est comme ça que je l’ai ressenti. L’histoire nous plonge au cœur d’un drame et de ses retombées avec les suspicions dû à un climat de racisme ambiant. « L’autre côté des docks » pose certes des thématiques intéressantes d’un point de vue moral. Mais le style statique et froid, extérieur, et l’écriture détachée ne rend pas service à l’histoire. Il y avait pourtant du potentiel qui ne demandait qu’à être utilisé à bon escient. En tout cas, voilà un roman qui ne me laissera pas un souvenir impérissable…